LETTRE DE TRONDHEIM (77)
(d’Alesund à Trondheim)
du Mercredi 27 Juin au Mardi 4 Juillet 2017
La vue d’Alesund du haut du sommet du mont Askla qui la domine est superbe. La ville s’étire sur un étroit chapelet d’îles reliées par des ponts et fait moins d’un kilomètre de largeur. Autour d’elle des montagnes, des fjords, des îles, paysage typique des côtes de Norvège. Pour en profiter l’équipage de Balthazar au complet n’a pas rechigné à monter jusqu’à un joli parc boisé d’où s’élèvent sur le flanc raide de la colline 417 marches, dont certaines taillées dans le roc, conduisant à la terrasse panoramique.
Dans le parc nous saluons au passage une fière statue de Rollon en bronze offerte par la ville de Rouen à la ville d’Alesund à l’occasion du millénaire du traité de St-Clair –sur Epte qu’il signa en 911. Charles le Simple, qui n’était pas si simple que cela, profita des revers de l’armée de ce grand chef Viking qui venait d’échouer en assiégeant Paris puis Chartres en Juillet 911 pour négocier avec lui, préférant, à défaut de le battre, le fixer et l’assimiler, en lui attribuant les terres allant de la vallée de l’Epte jusqu’à la mer, base du futur duché de Normandie. En échange Rollon s’engage à bloquer les Vikings qui ravagent la vallée de la Seine depuis 841 et menacent régulièrement Paris (sièges de 885-887 et 911) ; il doit se convertir et prêter allégeance au roi de France. Il est baptisé en 912 à la cathédrale de Rouen. Pour ficeler le tout Charles le Simple lui donna sa fille Gisèle en mariage. Le roi anglais fut moins avisé et en 1066 le descendant de Rollon, le duc de Normandie Guillaume le Conquérant bat leurs troupes à Hasting et s’empare de la couronne d’Angleterre. C’est peut-être en retenant cette leçon de l’Histoire que les Anglais suivent depuis soigneusement leur maxime « if you can’t beat them join them ». C’est Charles le Simple qui la leur enseigna.
Guillaume le Conquérant resta profondément attaché à son duché de Normandie. Il mourut à Rouen et sa sépulture se trouve dans l’émouvante abbaye aux Hommes de Caen qu’il faut visiter.
Incroyable saga que celle des Vikings. Songez que sur leurs Drakkars à peu près incapables de remonter au vent mais mus alors par leurs gros bras velus tirant sur leurs immense avirons ils ont voyagé jusqu’au Groenland, découvert l’Amérique, colonisé l’Islande, pillé l’Irlande, mis à feu et à sang la France (de l’époque). Ils ont navigué par le fleuve Dniepr jusqu’à la Mer Noire et jusqu’aux portes de Constantinople qu’ils ont assiégée. Ils se sont emparés du trône des tsars (le nom de Rus est celui qui était attribué aux Vikings originaires de la région recouvrant la Suède d’aujourd’hui ; après s’être emparé de Novgorod ils fondèrent le premier état russe avec Kiev pour capitale) et finalement du trône d’Angleterre. Leur histoire confine à la légende.
Un voilier français en alu brut, aux formes arrondies et housses bleues roi protégeant les impedimenta caractéristique des bateaux d’expédition : barils de gasoil et annexe saisies sur le pont, rouleaux de grandes aussières fixés au balcons pied de mât, est amarré sur le quai à deux encablures de Balthazar. Je reconnais Ada 2, le voilier d’Isabelle Autissier, que nous avions rencontré au Micalvi, à Puerto Williams dans le canal Beagle, puis à deux reprises en Antarctique dans les mouillages de Pléneau (joutant Hovgard) et de Stella Creek (voir la lettre de Stella Creek). Isabelle n’arrivera que Vendredi mais j’invite à l’apéro sur Balthazar Cécile et Vincent ainsi que leur joli nourrisson, anciens de Tara qui ont convoyé Ada 2 jusqu’ici. Tous deux marins professionnels ils embarquent sur les bateaux au gré des opportunités.
Jeudi 29 Juin, 4h30. JP est levé dès potron-minet pour aller prendre son avion qui le ramènera à Nantes. Mimiche et Albertine se lèvent un peu plus tard pour prendre le leur. Merci chères amies et JP de votre joyeuse compagnie. A très bientôt à Russevag pour JP et Mimiche qui feront le retour sur Balthazar jusqu’à Inverness pour JP, jusqu’à Alesund pour Mimiche. Celle-ci craint maintenant les traversées telles que celle qui nous conduira aux Shetlands et Orcades. La relève sera assurée par André (Van Gaver) et Claude (Carrière) qui embarqueront plus au Nord à Bodo. Balthazar c’est un peu l’Urtigruten ! Il atteint presque la même ponctualité, avions obligent. Dommage pour vous de partir le premier jour de grand beau temps depuis quelques semaines et de manquer la superbe journée que nous passons autour et sur le fameux fjord de Geiranger, en voiture et ferries. Parois impressionnantes dominant ses eaux, immenses et puissantes cascades, celle du voile de la mariée, celle des sept sœurs… s’y précipitant, route en virages serrés surplombant le fjord au fond duquel les bateaux de croisière et l’Urtigruten paraissent tous petits, quant aux kayaks on dirait des mouches posées sur l’eau. Grandiose !
Il ne faut pas se louper. Balthazar, dérive relevée, pénètre dans le port minuscule de Sore Bjornsund (62°53’,2 N, 6°48’,6 E). L’entrée est taillée dans le granit. A voir les gestes de Bertrand positionné au maître bau l’espace se rétrécit entre les roches sous l’eau et la large coque (5m au maître bau). Il ne reste plus qu’une cinquantaine de cm environ, ceci sur une longueur d’une dizaine de mètres. Le petit bassin en forme de croix est totalement protégé. Quelques maisons en bois aux couleurs variées, rouge falun bien sûr, mais aussi des couleurs pastels claires ou blanches et très soignées s’égayent sur la petite île. Accostage juste derrière un ancien bateau de pêche qu’un vieux couple norvégien s’apprête à mettre en route pour aller chercher leur fils à Bud, port de pêche juste en face, à quelques milles, sur le continent. Il remet son amarre et remonte l’échelle pour nous expliquer l’histoire de l’île sur laquelle il est né et est allé à l’école.
Nous sommes inondés d’un soleil chaud, pas de vent, air léger, calme absolu troublé seulement par moments par le cri des goélands. Balthazar est accosté à une terrasse sur pilotis bordée de pneus devant d’anciennes maisons de pêcheurs. Le tour à pied de cette sorte de royaume du Petit Prince est court. Les maisons aux petits jardins fleuris se blottissent dans les creux où poussent quelques arbres. Des allées de gravier blanc impeccable les relient, bordées de fougères et de mousse.
Quatre femmes d’une soixantaine d’années viennent en riant sur la terrasse, pour voir Balthazar et causer sans doute. Les voilà embarquées aussitôt par le capitaine pour prendre l’apéritif dans le cockpit. Le Ti’punch ou la Jinja et le Guacamol délient les langues. Je commence, pour les mettre à l’aise, par leur expliquer que j’envisage de les shanghaier. Pour les non initiés « Shanghaier » était une pratique assez largement répandue dans la marine d’autrefois qui consistait, pour les capitaines de navires à court de matelots à envoyer dans les bistrots des bas fonds des ports une escouade faisant boire puis enlevant de force les gaillards qui s’y trouvaient. Dégrisés ils se réveillaient en haute mer embarqués de force pour une destination lointaine et une destinée inconnue. Ils apprenaient le métier sur le tas sous la férule du maître d’équipage.
L’une, norvégienne est romancière. Elle parle très bien le français après avoir enseigné durant quatre années le norvégien à l’Université de Caen, Elle a remis en état la modeste maison en bois de son Grand Oncle. C’est dans ce petit Paradis qu’elle reçoit ses amies. L’autre norvégienne est professeur de littérature comparée et habite plus au Nord, près de Tromso. La troisième est américaine du Wisconsin, près des Grands lacs où elle enseigne également la littérature. Et la quatrième? Elle est française, mancelle, ancienne professeur de dessins d’habits de mode et artiste.
Il était une fois une communauté de près de 700 habitants (entre Nordre Bjornsund et Sore Bjornsund, l’île Nord et sa jumelle du Sud à portée de lance pierre) vivant sans histoire de la pêche au hareng. Celui-ci qui était extraordinairement abondant à l’époque s’en est allé un jour (ce fut soudain, comme la disparition de la sardine en Bretagne), surpêché bien entendu. Les jeunes durent s’en aller trouver du travail ailleurs, l’école ferma et il ne resta bientôt plus que les vieux retraités. Dans les années 70, avant que la Norvège devienne un pays riche, les autorités décidèrent qu’il était trop coûteux de maintenir le soutien logistique de l’île pour si peu d’habitants et subventionnèrent ceux-ci pour quitter l’île. Notre norvégienne qui nous raconte l’histoire, vécue par son Grand Oncle, nous indique que la plupart, déracinés à un âge avancé, moururent peu de temps après. Nul doute que la Norvège devenue très riche grâce au pétrole, au gaz et à l’électricité,(troisième pays au monde en PIB/habitant, troisième exportateur de gaz naturel, 96% de son électricité renouvelable fournie par les barrages) ne referait plus aujourd’hui une opération aussi lamentable. Saluons au passage la sagesse des Norvégiens qui placent dans un fonds souverain, le plus gros au monde, les revenus de la manne pétrolière qui n’est pas éternelle au bénéfice des générations futures. Nous connaissons tous un pays de cigales où les générations actuelles bouffent sans s’en soucier plus que cela les revenus des générations futures en leur transmettant une dette gigantesque.
La marée étant descendue elles y voient quand même assez clair pour escalader, sous ma surveillance quand même (elles étaient en pantalon je vous jure), l’échelle verticale en bois permettant de remonter du pont sur la terrasse. Nous sommes invités à visiter la maison du Grand Oncle. Jolie maisonnette tout en bois que celui-ci a acheté sur le continent, démonté en numérotant les pièces de bois, transporté par bateau et remonté ici. Petite porte, plafonds bas, un séjour, deux chambres, une cuisine, un cabinet de toilette et douche, le bureau de la romancière. Volumes petits pour limiter le chauffage fourni par un poêle à bois unique dans le séjour. Une photo du Grand Oncle avec sa casquette de pêcheur trône sur une étagère. Le tout est repeint à neuf de teintes pastel, et dans un état impeccable. Pas évident qu’il en était de même du temps où cette petite maison typique était une maison de pêcheur.
Cela fait partie du plaisir de la grande croisière de rencontrer et d’échanger facilement avec des gens d’expériences et d’horizons très différents. Bjornsund tiendra une place à part dans la liste des plus attachantes escales de Balthazar.
Samedi 1/7. Le temps s’est couvert. Un vent d’Ouest force 4 à 5 pousse Balthazar au Grand Largue près du vent arrière sous génois seul. Il faut être vigilant dans ce long passage exposé d’Hustadvika à travers un tapis de roches ; le temps calme et une bonne visibilité nous autorisent à emprunter le passage intérieur en rasant la côte. Il ne faut pas manquer les nombreuses perches signalant les dangers et les portes étroites qu’elles forment par moment. A l’issue de ce parcours délicat mais intéressant un pont à 23m de hauteur libre interdit à Balthazar de pénétrer dans le Lauvoysund puis de suivre la route intérieure des Korstadtfjord, Kvernesfjord et Bremnesfjord pour arriver à notre prochaine escale, Kristiansund, comme nous l’avions fait avec Marines en 2005 (Marines était un ketch et son mât de misaine était moins haut). C’est donc par le large que nous y parvenons en pénétrant en début d’après-midi par une passe étroite dans un bassin très protégé en forme de croix. Le guesthavn est à l’extrémité de la tête de la croix ; nous devons nous mettre provisoirement à couple avant que le départ de deux petits voiliers nous libère une place suffisante au ponton d’accueil.
Pendant que Bénédicte et Bertrand vont explorer la ville, sans grand caractère, je m’offre un bon moment de repos, ablutions, écriture de la lettre, un bon flemmardage quoi.
Le lendemain après-midi après une navigation d’une bonne cinquantaine de milles
Toujours au milieu de chapelets d’îles le port minuscule de Sorhamna se découvre à la dernière minute dans un léger repli de la côte de l’île de Sorleksa, protégé par un petit môle qui se confond avec elle (63°34’,2 N et 9°19’,6 E). Le lieu est très plaisant et paisible. Des près viennent jusqu’à l’eau. Ils sont entourés de bosquets cachant quelques maisons disséminées çà et là ; des moutons, une odeur de vaches nous ramènent à la campagne. Dans ce plan d’eau très restreint un court ponton pour de petites embarcations ; une seule place accosté à une plateforme en bois sur pilotis est accessible aux plus gros bateaux. Elle est occupée par une robuste vedette ressemblant aux bateaux de sauvetage à laquelle nous nous mettons à couple en ayant tout juste assez d’eau pour faire demi-tour sur place. Le capitaine nous prend gentiment les aussières alors qu’une norvégienne fine d’une soixantaine d’années apparaît pour nous souhaiter la bienvenue. Invitée à prendre une Ginja à bord (il est près de 20h et notre norvégienne a dîné depuis longtemps ; ce sera donc cette excellente liqueur pas très forte de cerises ramenée de Lisbonne) cette femme délicate nous explique qu’elle habite sur l’île tout en ayant acheté, ce qui est surprenant, ce robuste et lourd bateau qui faisait l’ambulance dans les îles de la région. Le capitaine c’est son marin qui couche à bord et entretient le bateau. Musicienne et chanteuse elle était guide du fameux musée de la musique que nous visiterons à Trondheim après-demain. Guide cela implique dans ce musée vivant jouer des divers instruments anciens qui y sont présentés aux visiteurs. Habituée à ce bateau de travail d’époque au confort sommaire elle admire l’intérieur confortable et douillet de Balthazar qui lui parait luxueux en comparaison. Belle promenade du soir après le dîner sur une petite route de l’île telle que les affectionnait Anne-Marie les soirs d’été à la campagne.
Lundi 3 Juillet. Bien que le détour par le vaste Trondheimsfjord soit important il serait dommage de passer par là sans aller visiter ce qui fut la capitale des Vikings et la ville sacrée des Norvégiens. Par temps couvert avec quelques rayons de soleil et vent de NW force 4 à 5 la monotone Trondheimsleia nous y conduit. A 14h30 nous tournons les amarres dans la marina de Skansen qui jouxte le port de commerce.
Une vingtaine de minutes à pied le long d’une rue calme bordées de jolies maisons aux façades en bois colorées nous amène au centre ville.
Trondheim c’est d’abord St Olav. A la fin du Xième siècle une forte implantation Viking existait à l’embouchure de la Nidelva. Leurs bateaux sillonnaient la mer du Nord, la mer d’Irlande, la Manche et l’Atlantique Nord. Mais les chefs Vikings se querellaient et les dieux païens et le Dieu des chrétiens s’affrontaient. Olav II réussit à mettre fin à ces désordres par la force des armes. Il mit en place un système d’administration inspiré de celui qui était en usage en Normandie, libéra la Norvège du joug danois et suédois, et poursuivit l’œuvre d’évangélisation des Vikings en faisant table rase des cultes païens. Toutes ces mesures fortes firent la fortune de Nidaros comme la ville s’appelait à l’époque. Il se passa alors quelque chose de surprenant. Olav II meurt en 1030 dans une nouvelle bataille contre certains chefs Vikings qui se rebellaient. Son prestige fut encore magnifié par sa mort et il fut rapidement sanctifié (il ne fallait pas être trop regardant à l’époque pour sanctifier un chef Viking !). Son tombeau devint un lieu de pèlerinage. Durant des siècles des milliers de pèlerins vinrent prier devant la châsse du saint. Aujourd’hui encore comme nous le montre des guides de randonnée en vente dans la boutique voisine de la cathédrale des gens viennent en pèlerinage à pied depuis Oslo se recueillir ici après avoir parcouru près de 700km à travers les montagnes de Norvège. C’est leur St Jacques de Compostelle. Une bourgeoisie active, puissante et riche y développa les activités industrielles, commerciales et portuaires C’est ainsi que Nidaros, rebaptisée Trondheim au XVIième siècle devint le foyer spirituel et économique de la Norvège.
La cathédrale qui se dresse au milieu d’un parc reflète et participe de cette Histoire. Les pèlerins de ce très bel édifice gothique, construit à la même époque que nos cathédrales, se pressaient dans le déambulatoire autour de l’octogone qui abritait la châsse du Saint sur le lieu même de la source miraculeuse qui aurait jailli là où le cercueil de St Olav avait été déposé.
Bien entendu après la Réforme les Danois qui s’étaient emparé du pays cherchèrent à éradiquer ce symbole de l’identité norvégienne. Ils firent disparaître la châsse du Saint et tous ses trésors furent volés. Puis les Suédois vinrent et pillèrent ce qui restait. Plusieurs incendies survinrent. Malgré toutes ces vicissitudes elle fut régulièrement reconstruite ou réhabilitée jusqu’à récemment. Six rois et deux reines y furent couronnés et dix souverains y sont inhumés. C’est en cette cathédrale que le roi Hakon VII reçut la couronne de son pays lorsque la Norvège recouvra sa souveraineté en 1904. Le souverain actuel, Harald V, que nous avons croisé à Kalvag, y a été sacré le 23 Juin 1991. Nous comprenons mieux l’omniprésence du drapeau ou de l’oriflamme que nous voyons devant les maisons, y compris les plus isolées sur des îles désertes ainsi que la réponse que nous fit la romancière de Bjornsund en réponse à notre question : pourquoi la Norvège a refusé de rejoindre l’Union Européenne ? Elle nous répondit : « essentiellement parce que les Norvégiens se sont tellement battu pour retrouver leur souveraineté seulement en 1904 qu’ils ne sont pas prêts à en concéder une seule parcelle aujourd’hui ». Par deux fois effectivement en 1972 et en 1994, par voie de référendum, les norvégiens ont rejeté l’adhésion.
Jouxtant la cathédrale un petit musée présente au public Regalia, la couronne royale, symbole de la Nation, ainsi que celles de la Reine et du Prince héritier.
Le taxi nous dépose à quelques kilomètres de la ville sur les hauteurs boisées de la presqu’île de Lade qui offrent une vue magnifique sur le fjord de Trondheim devant une grille. C’est sur ces collines que les riches bourgeois du XVIIième, XVIIIième et XIXième siècle possédaient leur « maison des champs », domaines de quelques dizaines d’hectares comprenant une ferme et une maison de maître pour y passer l’été au milieu de parcs et de jardins soignés. Du portail une allée monte en courbe à travers le parc et nous conduit à la grande résidence blanche et ocre où une charmante jeune femme en habit d’époque nous accueille. Après quelques mots d’accueil et d’explications en français sur l’histoire du domaine et du musée elle nous emmène visiter les très beaux intérieurs originaux datant de la fin du XIXième siècle. Chaque pièce, Mozart, Beethoven, Chopin, Patti, Grieg… sont meublées et décorées richement dans des styles différents mettant en valeur divers instruments de musique de collection. Elle nous joue quelques morceaux de musique sur des clavecins, pianos carrés et orgue de chambre finement décoré et tourne la manivelle d’un orgue de barbarie très ancien rendant cette visite très vivante. Nous admirons ensuite dans une vaste grange réaménagée une collection incroyable d‘instruments de musique originaires d’un grand nombre de pays et de continents. Collections de harpes, cistres, violes de gambe, violes d’amour, violons, clavecins, pianos, flûtes, mais aussi orchestres mécaniques, cornemuses, accordéons, instruments à percussion, tambours décorés et harpes arquées d’Afrique, cloches Mu-Yu chinoises, zang-dung du Tibet, etc… J’allais l’oublier : dans la salle Mozart sont conservées des carillons éoliens fabriqués par la première verrerie de Norvège. Dans le parc le vent agitait les petits gongs en bois suspendus à l’intérieur par un fil, faisant ainsi tinter ces délicates clochettes.
Un agréable dîner dans le restaurant réputé Havfruen le deuxième soir, installé dans les anciens entrepôts en bois sur pilotis surplombant la Nidelva conclue cette escale de Trondheim.
Demain nous appareillerons pour l’Helgeland et le cercle polaire arctique.
Aux parents et ami(e)s qui nous font la gentillesse de s’intéresser à nos aventures nautiques à travers ce carnet de voyages.
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Equipage de Balthazar :
Le capitaine, Bertrand et Bénédicte (Duzan).